Commerce mondial sous tension : l’OMC tire la sonnette d’alarme

Depuis plusieurs années, les tensions commerciales entre les grandes puissances, notamment entre les États-Unis et la Chine, alimentent une incertitude croissante autour du commerce mondial. L’Organisation mondiale du commerce (OMC), garante du multilatéralisme commercial, tire aujourd’hui la sonnette d’alarme. À l’origine de cette inquiétude : la montée des droits de douane, les politiques protectionnistes et un possible « découplage » commercial entre les deux premières économies mondiales. Ce phénomène pourrait bouleverser les chaînes d’approvisionnement, désorganiser les flux logistiques et fragiliser les économies les plus vulnérables.

Selon les prévisions actualisées de l’OMC, le commerce mondial de marchandises pourrait reculer de 1,5 % en volume en 2025 si les tensions actuelles se confirment. Plus alarmant encore : le volume des échanges entre les États-Unis et la Chine pourrait s’effondrer de 81 %, un chiffre vertigineux qui témoigne d’un risque de fragmentation commerciale à l’échelle mondiale.

Ce recul n’est pas anodin. Il affecte directement la croissance économique mondiale, freine l’investissement et pénalise les pays en développement fortement tournés vers l’exportation. L’Amérique du Nord en serait l’une des premières victimes, avec une chute anticipée de 12,6 % des exportations en 2025.

La Banque mondiale partage cette inquiétude. Son président, Ajay Banga, alerte sur l’impact d’une telle incertitude sur le climat des affaires mondial. Selon lui, l’instabilité des politiques douanières américaines ralentit la croissance, en particulier dans les pays émergents déjà fragilisés par la pandémie. La baisse de la demande mondiale en matières premières risque d’amplifier les tensions économiques dans ces régions, soulignant une fois de plus la vulnérabilité des économies tournées vers l’exportation.

Au-delà des chiffres, c’est une dynamique globale qui se grippe. L’imposition de droits de douane réciproques, la suspension partielle de certains accords, ou encore l’incertitude réglementaire désorganisent les stratégies douanières des entreprises.

Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’OMC, met en garde contre une fragmentation de l’économie mondiale « selon des lignes géopolitiques », qui verrait émerger deux blocs commerciaux isolés. À terme, ce découplage pourrait amputer le PIB mondial de près de 7 % d’ici à 2040.

Face à ces perspectives, la douane se retrouve au cœur du jeu. Elle doit accompagner les opérateurs économiques dans ce contexte mouvant, sécuriser les flux tout en préservant la compétitivité, et anticiper les scénarios de rupture. Pour les entreprises, cela signifie renforcer leur veille réglementaire, diversifier leurs chaînes d’approvisionnement et adopter des outils digitaux agiles capables de réagir à des politiques tarifaires volatiles.