L’UE propose une taxe carbone aux frontières, une première mondiale

Une nouvelle proposition de l’UE pourrait bien venir changer les modes de sourcing des entreprises sur certaines ressources.

 

Les raisons

 

Cette taxe aux frontières devrait être introduite progressivement à partir de 2026, et concernerait les importations d’acier, d’aluminium, de ciment, d’engrais et d’électricité à forte émission de carbone. Le but étant pour l’Europe d’atteindre ses nouveaux objectifs climatiques ainsi que de protéger les industries européennes contre les concurrents étrangers. En effet, certains peuvent produire à moindre coût parce qu’ils ne sont pas facturés pour leur production de carbone.

Par conséquent, une phase transitoire qui commencera à partir de 2023-25 obligera les importateurs à surveiller et à déclarer leurs émissions par le biais d’achat de certificats numériques représentant le tonnage d’émissions de CO2. Pour rappel, les prix du carbone dans l’UE, sur lequel le prix des certificats sera basé, ont atteint des niveaux record de plus de 58 euros la tonne cette année.

Un contexte difficile

 

La plupart des analystes s’attendent à ce que les prix continuent à augmenter jusqu’en 2030, stimulés par la perspective des réformes que la Commission a également proposées afin d’atteindre les objectifs en matière de changement climatique. Quelque 64 instruments de tarification du carbone sont utilisés dans le monde, notamment en Chine et dans certains États américains, dont la Californie. Mais ils ne couvrent que 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, selon un rapport publié en mai par la Banque mondiale. Les prix pratiqués dans le cadre de ces régimes varient également considérablement. La Commission a déclaré que la mesure relative aux émissions de carbone aux frontières serait conforme aux règles de l’Organisation mondiale du commerce, mais l’idée a reçu un accueil hostile de la part des partenaires commerciaux, dont la Chine et la Russie.

Cette taxe reste cependant un moyen de réguler une mondialisation débridée, et opter pour un sourcing plus éco-responsable semble être la voie à suivre lors des prochaines années. Les entreprises sont de plus en plus sujettes à des normes RSE et les consommateurs font de plus en plus attention à la provenance de leurs produits. Cette taxe se révèle in fine un outil intéressant dans la bataille contre le réchauffement climatique, et les entreprises devraient reconsidérer leurs choix d’approvisionnement.