Bras de fer sino-américain : les tensions entre Washington et Pékin s’intensifient
Alors que le président élu n’a pas encore officiellement pris ses fonctions, les tensions entre Washington et Pékin s’intensifient déjà sur le plan commercial. Chaque camp multiplie les annonces et les mesures, signalant une absence totale de trêve dans leur affrontement économique.
La réélection de Donald Trump a ouvert une période de transition aux États-Unis, mais ce contexte n’a pas empêché le dirigeant de réitérer sa promesse de campagne : imposer des taxes douanières supplémentaires de 10 % sur les importations chinoises dès le début de son mandat. Trump, qui avait également évoqué des barrières tarifaires pouvant atteindre 60 %, a récemment élargi sa cible aux pays des BRICS, dont fait partie la Chine.
Depuis plusieurs années, les relations sino-américaines se sont transformées en un affrontement stratégique où le commerce international sert de théâtre principal. Les mesures protectionnistes de Trump, instaurées dès son premier mandat, ont été renforcées par son administration et prolongées par l’actuelle, notamment dans le secteur technologique. En particulier, le dossier des semi-conducteurs illustre à quel point cette rivalité économique prend une dimension mondiale, impactant à la fois les chaînes d’approvisionnement et les dynamiques géopolitiques.
Une escalade progressive des tensions
Bien avant l’investiture de Donald Trump, les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine étaient déjà empreintes de méfiance mutuelle. Dès sa campagne présidentielle, Trump avait promis d’imposer des taxes massives sur les produits chinois pour rééquilibrer le déficit commercial. Une fois élu, il a concrétisé cette stratégie avec des séries de barrières tarifaires et non tarifaires. En réponse, Pékin a intensifié ses efforts pour réduire sa dépendance aux technologies américaines, tout en adoptant des mesures similaires à l’encontre des entreprises américaines.
En novembre dernier, une nouvelle étape a été franchie dans cet affrontement économique. Washington a étendu ses restrictions sur l’exportation de semi-conducteurs et ajouté 140 entreprises chinoises à sa liste noire. L’objectif de ces sanctions, selon le département américain du Commerce, est de freiner les avancées technologiques chinoises dans des secteurs stratégiques, notamment l’industrie militaire.
La riposte chinoise : contrôle des matériaux critiques
En réaction, la Chine a décidé de réglementer sévèrement l’exportation de matériaux essentiels à la fabrication des semi-conducteurs, comme le gallium et le germanium. Ces métaux, indispensables dans des domaines variés tels que les panneaux solaires ou les systèmes infrarouges, sont désormais soumis à des licences d’exportation restrictives, voire interdits dans certains cas liés à la défense.
Officiellement, Pékin justifie ces mesures par des impératifs de sécurité nationale. Cependant, beaucoup y voient une réponse directe aux initiatives américaines. Avec une position dominante sur la production mondiale de gallium (94 %) et de germanium (83 %), la Chine dispose d’un levier puissant pour riposter dans cette guerre commerciale.
Les sanctions croisées commencent déjà à perturber les chaînes d’approvisionnement internationales. Les experts avertissent que ces restrictions pourraient entraîner des hausses de prix et des retards dans la livraison des composants, affectant particulièrement les industries technologiques et des véhicules électriques. Les fabricants, confrontés à ces défis, explorent activement des solutions alternatives pour sécuriser leurs approvisionnements.
Parallèlement, en Chine, les autorités encouragent une stratégie de remplacement des technologies américaines. L’Internet Society of China a récemment appelé les entreprises à privilégier les puces produites localement ou en collaboration avec d’autres partenaires internationaux. Les associations industrielles, telles que celle des constructeurs automobiles, dénoncent également les évolutions unilatérales des règles de contrôle des exportations américaines.
Alors que les tensions sino-américaines se concentrent sur des secteurs cruciaux, elles reflètent une compétition bien plus vaste pour le leadership économique et technologique mondial. Cette rivalité, qui façonne les politiques industrielles et commerciales, continuera d’avoir des répercussions profondes sur les échanges internationaux et sur la stabilité des chaînes d’approvisionnement.