Shein, Temu, AliExpress : les plateformes à bas prix face au mur réglementaire
Après le scandale des produits pédopornographiques vendus sur Shein, l’État français passe à la vitesse supérieure. Le gouvernement a officiellement élargi son action judiciaire à cinq autres plateformes d’e-commerce : AliExpress, Joom, Wish, Temu et eBay. Ces marketplaces, déjà pointées pour la vente de produits dangereux ou illicites, sont désormais visées pour des infractions graves allant de la commercialisation d’armes interdites à la diffusion de contenus pornographiques accessibles aux mineurs. Alors que les autorités françaises multiplient les contrôles et les saisies, cette nouvelle étape marque une volonté affichée de reprendre la main sur un écosystème numérique devenu tentaculaire et souvent hors de portée des normes européennes.
Dans une interview, le ministre du Commerce Serge Papin a dévoilé l’ampleur de l’affaire : AliExpress et Joom ont été identifiés comme proposant des poupées pédopornographiques, tandis que Wish, Temu, AliExpress et eBay vendaient des armes de catégorie A. Plusieurs signalements ont déjà été transmis au procureur de la République, et d’autres sont sur le point de l’être.
Shein reste le cas le plus emblématique. Malgré sa suspension volontaire de la marketplace en France, le gouvernement a demandé à la justice d’ordonner une suspension officielle, une procédure examinée par le tribunal de Paris.
Au total, la DGCCRF surveille environ trente plateformes. Ce chiffre symbolise la montée en puissance d’un phénomène que les pouvoirs publics peinent à endiguer : la prolifération de produits non conformes, dangereux ou illégaux, souvent issus de vendeurs tiers basés hors d’Europe.
En parallèle, l’État a déclenché une opération spectaculaire à l’aéroport de Roissy–Charles de Gaulle et dans d’autres zones plus locales : + 200 000 colis soumis à un contrôle intégral en 48 heures. Les douaniers ont découvert une montagne d’irrégularités : jouets sans marquage CE, produits cosmétiques sans notice, articles électroniques sans conformité.
Les chiffres confirment l’ampleur du problème : 80 % des colis issus de plateformes à bas prix seraient non conformes aux normes européennes. Roissy concentre à lui seul 95 % des entrées de colis extracommunautaires, transformant l’aéroport en première ligne face aux dérives du e-commerce mondial.
L’objectif est clair : alimenter les trois procédures lancées par l’État : suspension, enquête judiciaire, enquête européenne, et forcer les plateformes à assumer leur responsabilité, même lorsqu’elles prétendent n’être que de simples intermédiaires.