La douane renforce sa vigilance contre les flux financiers illicites
La Douane française a récemment dévoilé une nouvelle stratégie ambitieuse pour lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT). Annoncée le 7 octobre à Bercy, cette stratégie s’inscrit dans la lignée des recommandations du GAFI et de la stratégie nationale de lutte contre les flux financiers illicites, avec pour objectif de renforcer l’efficacité des douaniers dans cette lutte complexe.
Au cœur de cette nouvelle approche, la Douane vise à suivre de près les flux d’argent liés aux activités criminelles telles que le trafic de stupéfiants, de contrefaçons, et d’espèces protégées. En réponse à ces menaces, les capacités d’intervention des douaniers ont été élargies grâce à la loi n°2023-610. Cette législation permet aux douaniers de constater des infractions de blanchiment douanier dès la phase de transport, y compris pour les actifs numériques, comme les cryptomonnaies, qui sont désormais pris en compte.
Par ailleurs, le rôle de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) a été renforcé. En collaboration avec le département Cyberdouane, elle se concentre sur les flux financiers criminels, y compris ceux opérant via des cryptomonnaies sur le Dark Net. Ce renforcement opérationnel est appuyé par la création de l’Office national anti-fraude (ONAF), en mai 2024, qui coopère avec des agences internationales comme Europol pour identifier et saisir les avoirs criminels.
La Douane mise également sur l’innovation pour améliorer sa capacité de détection. Par exemple, le développement des équipes maître/chien spécialisées, surnommées « cash-dogs », permet de mieux traquer les flux d’argent liquide sur le territoire. De plus, une coopération accrue avec les juridictions spécialisées, telles que les JIRS et JUNALCO, permet d’accentuer la lutte contre les fraudes transnationales, en particulier celles liées aux cryptoactifs.
Les résultats déjà observés pour 2023 et 2024 sont prometteurs. En 2023, la Douane a saisi ou identifié plus de 163 millions d’euros d’avoirs criminels. En 2024, ce montant est en nette augmentation, avec 175,2 millions d’euros déjà identifiés, grâce à une surveillance renforcée des flux financiers transfrontaliers.
Cette nouvelle stratégie s’inscrit dans une volonté de préserver la sécurité financière du pays et de répondre aux menaces croissantes posées par les criminels. Grâce à ces nouvelles capacités, la Douane entend renforcer son rôle central dans la protection des citoyens et l’intégrité des frontières économiques françaises.
