POINT SUR LA GUERRE EN UKRAINE : LA RUSSIE FACE AUX SANCTIONS

Depuis le 24 février 2022, la Russie et l’Ukraine se sont engagées dans un conflit d’ampleur, le premier en Europe depuis la guerre des Balkans dans les années 1990. Indigné, le monde occidental a pris une série de sanctions à l’encontre de Moscou, dans quelles mesures le pays de Pierre Le Grand pourra-t-il y résister ?

Tout d’abord, il ne faut pas oublier que le principal facteur de la mauvaise santé de l’économie russe est davantage la guerre elle-même que les sanctions qui en découlent. Une guerre coûte cher, gèle le commerce et fait fuir les capitaux. On estime ainsi que $64Mds de capitaux ont quitté le pays sur le seul mois de mars. La fuite est aussi celle des cerveaux, pourtant seuls espoirs pour la Russie de diversifier son économie rentière.

Quant aux sanctions elles même, si celles tournées vers les oligarques ont peu d’effets directs et ont une visée plus stratégique à l’issue incertaine, les plus importantes sont celles qui ont touché le système financier. Certaines banques russes ont en effet été retirée du système SWIFT et les avoirs de la banque de Russie en Europe ont été gelés. En résulte une désorganisation du système financier et une chute abyssale du rouble (lié également à la fuite des capitaux). Ces effets ont cependant été transitoires grâce aux mesures administratives prises par la Russie et du fait de l’incomplétude des sanctions qui n’ont par exemple pas touché le secteur des hydrocarbures dont la Russie est pourtant rentière. L’effet durable majeur de ces mesures est en réalité une inflation drastique estimée à 20% pour l’année en cours.

Russie sanctions

Concernant l’avenir à moyen terme de l’économie russe, le vice-président de l’INALCO Julien Vercueil distingue trois facteurs déterminants pour la suite des événements. Le premier serait l’arrêt complet de l’approvisionnement en hydrocarbures russes par les occidentaux et notamment l’UE. Le cas échéant, la Russie serait à coup sûr victime d’une réelle crise systémique. Si, en revanche, les européens poursuivent cet approvisionnement sans suspendre les autres sanctions, deux cas de figure se dessineraient. Soit la Chine viendrait massivement en aide à la Russie et dans ce cas les répercussions se limiteraient à une inflation gérable pour le gouvernement et surtout à une réorientation asiatique de la Russie et un renforcement de l’axe entre Pékin et Moscou, soit la Chine n’interviendrait que peu et dans ce cas la Russie deviendrait inéluctablement une économie rentière marginalisée sur la scène internationale.

L’avenir de la Russie demeure donc entre les mains de Bruxelles et de Pékin, dans tous les cas son économie ne sortira pas indemne de ce conflit. Il se pose également la question de l’efficacité réelle de ces sanctions par rapport à leur but initial. si celles-ci doivent empêcher la Russie de pouvoir soutenir une guerre, il faut garder en tête que la victime collatérale est le peuple russe lui-même, pas ses dirigeants.