INFLATION ET GUERRE IDÉOLOGIQUE, LE DILEMME DE JOE BIDEN

Le 21 janvier 2021, Joe Biden a succédé à Donald Trump à la présidence des États-Unis. Depuis, et malgré un relatif effacement, il s’efforce de contrecarrer la politique internationale erratique de son prédécesseur, tout en luttant contre une inflation en hausse.

Il a, entre autres, mis fin aux taxes sur l’aluminium touchant principalement son voisin canadien, réduit les sanctions infligées à Cuba ou encore réintégré les accords de Paris sur le climat. Tiraillé entre inflation et conflit idéologique avec Pékin, les USA doivent-ils mettre fin à la guerre commerciale débutée par D. Trump et menée contre la Chine ?

Cette réflexion intervient dans le contexte d’une inflation inquiétante de 8,6 % en un an, à l’approche des élections de mi-mandat. Malgré la relative bonne santé de l’économie et l’aide généreuse octroyée en Ukraine, Joe Biden pâtit aujourd’hui d’une cote de popularité en berne et pourrait bien définitivement perdre le Congrès à l’automne prochain. Se pose alors la question des droits de douane qui augmentent mécaniquement le prix des denrées. Comme pour l’aluminium ou le vin français, Washington pourrait supprimer les droits de douanes qui touchent aujourd’hui les deux tiers des importations chinoises, dans le but de réduire cette inflation et de gagner en popularité.

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Alors que les foyers les plus démunis suffoquent, pourquoi cette suspension fait-elle encore débat ?

Tout d’abord, la suspension des droits de douane serait sans doute progressive et partielle, limitant fortement l’impact d’une telle mesure. En outre, cette inflation est mondiale et principalement due à l’explosion des cours des matières première. La baisse des droits de douane ne serait donc dans l’absolu pas un frein à la hausse des prix.

Toutefois, la raison principale de cette hésitation est bien l’affrontement avec la Chine.

Alors que l’empire du milieu ne cache plus ses ambitions de puissance pour dépasser les États-Unis en 2050, abroger ces droits serait vu comme un aveu de faiblesse. Certes, la guerre commerciale menée par Donald Trump n’a pas atteint son but de modifier les relations entre Pékin et Washington, mais une guerre, même inutile, se gagne.

L’enjeu, pour Joe Biden, est donc de privilégier soit son marché intérieur, afin de soigner son image en vue des élections, soit son leadership à l’international, en faisant face à la Chine.

Les droits de douanes se retrouvent une fois de plus au centre d’un dilemme politico-économique.