LA CRISE DE LA COVID-19 : UNE AUBAINE POUR LES GÉANTS DU FRET MARITIME, ET ENSUITE ?

Malgré le bouleversement du commerce mondial par la crise du Covid-19, les transporteurs maritimes ont paradoxalement enregistré des performances économiques sans précédents, les chiffres sont hallucinants.

Le danois A.P. Moller-Maersk a par exemple multiplié son chiffre d’affaires par dix en 2021 et cela n’a pas empêché le groupe de céder sa place de n°1 !
L’allemand Hapag-Lloyd, a lui engendré plus de bénéfices sur le premier semestre 2021 que sur toute la décennie précédente…

Les exemples sont multiples : Au total, le secteur a généré plus de 150 milliards d’euros de bénéfices sur l’année, l’équivalent du PIB de l’Ukraine.
Toutefois, une telle création de richesses pousse nécessairement au questionnement.

fret maritime

En effet, quatre des cinq plus gros transporteurs de conteneurs mondiaux sont européens ; cela s’explique par les subventions indirectes dont bénéficient ces entreprises sous la forme d’exonérations fiscales, qui sont assez rares en Europe dans d’autres domaines stratégiques.

De fait, l’on pourrait se réjouir d’une telle performance. Mais, si MSC a dépassé Moller-Maersk en 2021 à la tête du classement des transporteurs maritimes mondiaux, MSC est également devenu par la même occasion le 7ᵉ plus gros pollueur européen devant Ryanair.

Or, l’Union européenne a ouvertement fait part de sa volonté de se verdir et d’investir dans une « croissance verte » au sein du projet de « Green New Deal », certes quelque peu freiné par la pandémie actuelle.

Cela pose la question plus globale de la faisabilité d’un tel projet.

Peut-on ne pas jouir de cette avance sur le reste du monde dans un domaine hautement stratégique ?

Peut-on réellement être précurseurs de l’écologie politique dans un monde dans lequel les technologies évoluent plus vite que les logiques de croissance ?

Il semble peu réaliste de renoncer à ces subventions à l’heure de l’effacement géopolitique de l’Europe dans le monde et pourtant, personne ne peut nier que l’écologie devrait être la priorité de tous. C’est toute la complexité des enjeux d’aujourd’hui, relégués pour le moment au rang d’enjeux de demain.